Féminisme & Communisme

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La gestation pour autrui est un marché qui aliène les femmes

La gestation pour autrui est un marché qui aliène les femmes

le 18 juin 2015

    La gestation pour autrui est la mise à disposition du ventre de femmes pour répondre à un désir, une envie de bébé à tout prix de couples qui ne peuvent pas en avoir, en maintenant la filiation.  
    Aujourd’hui, la situation est très contrastée dans le monde, explicitement autorisée ou encadrée dans certains pays (Brésil, Canada, Inde, Royaume Uni..), elle est clairement interdite dans les autres.
    Peut-on assouvir tout désir quelles qu’en puissent être les conséquences? Où place-t-on les limites de l’éthique ?
     

     

    En vantant la "générosité" de femmes qui loueraient leurs ventres par « altruisme », et d’autres qui en profiteraient au nom de la « générosité », du progrès des Sciences, n’y a –t-il pas exploitation, domination, pouvoir de celui/celle qui possède l’argent ?

    Et derrière cette question, la loi du marché s’organise. De véritables réseaux mettent à dispositions des catalogues afin que des couples en désir d’enfants choisissent la mère porteuse « idéale »

    Ainsi, comme pour la prostitution, pour laquelle l’Assemblée Nationale vient de renforcer sa position abolitionniste, nous sommes devant un choix politique, un choix de société avec la Gestation pour autrui. Soit on s'enfonce, sans aucune entrave, vers une marchandisation, y compris de l'être humain, soit on respecte les droits et la dignité humaine, en agissant en faveur d’une juste répartition des richesses pour répondre à la satisfaction des besoins humains.

    Pour ce qui nous concerne, nous choisissons d'agir pour le bien être de chaque être humain, son épanouissement et pour la pleine égalité entre les femmes et les hommes.

    Dans son argumentaire paru dans l'Humanité du 10 juin, Irène Théry se place du côté de ceux qui prônent la "GPA éthique" c'est-à-dire une GPA "encadrée". Elle part du principe que la GPA existe et qu’il faut donc légiférer pour éviter les débordements.

    Irène Théry oublie que 80 % des pauvres de la planète sont des femmes, que ce sont leurs conditions socio-économiques qui peuvent les pousser, voire les contraindre, à utiliser cette « ressource » économique. Elle oublie aussi la réalité sanitaire et les traitements que ces femmes vont subir, les retentissements sur leur santé dont personne ne se préoccupe, les répercussions psychiques potentielles sur leurs propres enfants et sur le bébé qu’elles portent.

    Le discours compassionnel ou qui se veut générationnel, moderne, masque une réalité que certain-e-s de nos intellectuel-les occultent. Pourquoi? Question de revenus ? De classe sociale?

    On peut toujours rencontrer quelques femmes dites « altruistes » qui ont porté un bébé sans contrepartie financière mais peut-on en faire la norme dans une société capitaliste où la pauvreté se développe de manière exponentielle ?

    En réalité on veut nous faire croire qu’il faut se résigner aux « débordements » de notre société, qu’il suffit de les encadrer par la loi en s’assurant du volontariat de la mère porteuse ! Voilà une démarche classique de justification bien-pensante de la domination. Au 19°siècle pour légitimer le travail des enfants, ne mettait-on pas en avant l’approbation des familles ? Sans oublier les prostituées « heureux/ses »…. Il n’y a pas plus de GPA éthique que de prostitution éthique, il ne s’agit pas « de disposer librement de son corps » mais de disposer du corps d’autrui ! La GPA éthique est une chimère, un fantasme quand dans la réalité, la gestation pour autrui s’inscrit dans un contrat de type commercial.

    Des intérêts individuels cherchent à faire établir des directives, des recommandations, des lois au détriment de l’intérêt général. Nous cherchons à construire une société juste et solidaire et non à encadrer des pratiques relevant de l’esclavage. Les formes anciennes de servitude nous indignent autant que les nouvelles formes présentées au nom de l'éthique.

    Nous demandons l'abolition internationale de la gestation pour autrui.

     

    Laurence Cohen et la Commission nationale du PCF « Droits des femmes/ Féminisme »
    Maya Surdut- Suzy Rotjman et le Collectif National pour les droits des femmes ( CNDF),
    Nora Tenebaum et la Coordination des associations pour le droit à l'avortement et à  la contraception (CADAC), Jocelyne Fildard et la Coordination lesbienne en France.